Smartphone impossible à mettre à jour, lave-linge en panne, collants filés, imprimante inutilisable… Quel est le point commun entre ces biens de consommation ? Ils sont tous victimes d’obsolescence programmée.
Qu’est-ce que l’obsolescence programmée ? La mort précipitée de nos produits est-elle réellement planifiée ? C’est parti pour répondre à vos questions !
Qu’est-ce que l’obsolescence programmée ?
Définir l’obsolescence programmée, c’est envisager les conséquences non seulement en termes économiques et environnementaux, mais aussi d’un point de vue sociétal. Car la société de surconsommation entraîne la perte d’autonomie des citoyens et l’aggravation des inégalités sociales.
Selon les articles L441-2 et L454-6 du Code de la consommation, l’Obsolescence programmée se définit par : l’ensemble des techniques par lesquelles le “metteur sur le marché” d’un produit, vise à en réduire délibérément la durée de vie pour en augmenter le taux de remplacement.
Le « metteur sur le marché » vise à entretenir un marché de renouvellement, par obsolescence technologique, d’estime ou esthétique.
Un peu d’histoire
L’obsolescence programmée est théorisée par Bernard London en 1932. Elle souhaite dynamiser un modèle économique à bout de souffle, dans le contexte de la Grande Dépression de 1929.
Il rédige alors « Ending the Depression Through Planned Obsolescence ».
La croissance économique reposera sur la stimulation de la production et de la consommation. Le New Deal de Franklin Roosevelt est né :
Prenons l’exemple de la célèbre Ford T.
Cette voiture fiable, solide, durable et accessible à l’Américain moyen, a très peu évolué durant ses 19 ans de production (1908-1927).
Elle n’a finalement pas pu faire face à la concurrence de General Motors, qui a établi sa stratégie sur la production régulière de nouveaux modèles, démodant ainsi les séries précédentes.
En 2012, L’ADEME publie une « Étude sur la durée de vie des équipements électriques et électroniques » et Eva Joly, alors candidate à l’élection présidentielle, propose d’interdire cette pratique.
Les différents types d’obsolescence programmée :
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Défauts fonctionnels : lorsqu’une pièce ne fonctionne plus, l’ensemble du produit devient inutilisable. À ce moment-là, si le prix d’un appareil neuf est inférieur à celui de la réparation et de l’amortissement de l’appareil ancien, alors le neuf est plus intéressant pour le consommateur.
Exemple : les réparations d’un smartphone tombé en panne peuvent parfois coûter très chères. L’utilisateur choisit la facilité et achète un nouveau modèle.
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Présomption planifiée / par incompatibilité : certains produits possèdent une date limite de consommation à partir de laquelle ils sont annoncés comme obsolètes. Nous retrouvons ceci avec les mises à jour des logiciels des smartphones. De nombreux smartphones ne supportent plus les nouvelles versions de systèmes d’exploitation des fabricants. Ce qui, à terme, va poser plusieurs problèmes.
Exemple : l’iPhone 6 n’est pas compatible avec la dernière mise à jour iOS 14. Cela incite les utilisateurs à acheter des modèles de smartphones plus récents.
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Présomption indirecte : certains produits deviennent obsolètes alors qu’ils sont totalement fonctionnels par indisponibilité des produits consommables associés sur le marché. C’est le type d’obsolescence programmée le plus courant en ce qui concerne les téléphones mobiles.
Exemple : un smartphone en parfait état devient inutilisable lorsque son chargeur n’est plus proposé sur le marché, ou à des prix rédhibitoires. Nous pouvons constater ceci avec l’iPhone 4 et son chargeur Connecteur dock 30 broches.
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L’obsolescence esthétique : obsolescence subjective. Les modes, les critères de beauté, les critères de luxe ou encore d’élégance évoluent très rapidement.
Exemple : les objets ou accessoires perdent leur valeur simplement parce qu’ils ne sont plus “à la mode”.
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L’obsolescence par notification : cela consiste à concevoir un produit de sorte qu’il puisse signaler à l’utilisateur qu’il est nécessaire de réparer ou de remplacer, en tout ou en partie, l’appareil.
Exemple : certaines batteries de smartphones avertissent l’utilisateur qu’elles ne fonctionnent plus, alors qu’elles ne sont pas au bout de leur capacité.
Quelles législations pour quelles sanctions ?
L’une des premières lois européennes contre la fin de vie programmée est votée en 2002. Elle concernait les cartouches d’imprimante équipées de puces interdisant leur réutilisation après remplissage.
En 2013, le Comité économique et social européen vote dans sa séance plénière du 17 octobre, la loi portant condamnation aux pratiques d’obsolescence programmée. Un malus à l’éco-participation est aussi mis en place.
La loi sur la transition énergétique, arrivera finalement le 22 juillet 2015, en France. Elle est accordée le 17 Août 2015.
Le Code de la consommation prévoit une peine d’emprisonnement de 2 ans et une amende dont le montant maximum peut être de 300 000 €.
Par ailleurs, les juridictions répressives pourront porter le montant de l’amende à 5 % du chiffre d’affaires moyen annuel. Le calcul se fait sur les trois derniers chiffres d’affaires annuels connus à la date des faits.
Du jetable au durable, il n’y a qu’un pas
Il est possible d’imaginer des modèles économiques alternatifs qui ne reposent pas sur la surproduction. Certaines entreprises nouvelles ou en transition le démontrent (location, réparation, smartphones reconditionnées…).
Face à la prise de conscience du public, certains pays et associations de consommateurs agissent. Ils tentent de légiférer pour limiter le recours à l’obsolescence ou au vieillissement programmés.
C’est ainsi que l’association Halte à l’obsolescence programmée (HOP) a déposé deux plaintes devant le tribunal de Paris, contre les deux géants industriels que sont Apple et Epson. Ce sont les deux premières actions de groupe en la matière. L’association incite aussi les pouvoirs publics à se recentrer sur leur politique, en faveur de la consommation durable et responsable.
L’obsolescence programmée est un phénomène qui touche tout le monde. Chacun a la possibilité, à son échelle, de faire un geste pour lutter contre ce délit.
Le reconditionnement des appareils électroniques permet de limiter l’impact environnemental en luttant contre l’obsolescence programmée et le gaspillage. Acheter un ordinateur ou un smartphone reconditionné c’est éviter à la fois l’empreinte environnementale de sa production et celle de sa destruction. Contrairement aux appareils neufs, les smartphones reconditionnés ne demandent pas d’eau ni d’extraction de métaux précieux lors de leur reconditionnement. Les composants en état de marche peuvent être réutilisés dans d’autres produits presque indéfiniment. Ils réduisent les déchets électriques et d’équipements électroniques.
En offrant une seconde vie aux appareils high-tech, l’obsolescence n’est plus une fatalité. Luttons contre cette méthode grâce au marché de l’occasion.